Matthew Llewelyn ; Our Lives are like a Candle in the Wind #

Jeunesse (suite) ;; Il avait presque 18 ans lorsque ses lèvres se posèrent pour la première fois contre celles de Lynn. Alors que comme presque tous les soirs, il était venu poser ses affaires chez elle avant d’aller en ville, Matthew était sortit de la douche en serviette pour aller récupérer son tee-shirt et son jean. « Eh ben, t’es plus aussi maigrichon Mattie ! » l’avait-elle taquiné alors qu’il enfilait son pantalon. Hyperactive, elle l’avait souvent réveillée aux aurores pour qu’il vienne courir avec elle dans le but de se muscler et de se débarrasser de l’alcool qui polluait son sang. « Toi par contre… » Avait-il répliqué, un large sourire gamin aux lèvres en lui sautant dessus pour attraper ses hanches minces. Hurlant, la jeune femme se débattait si fort qu’il avait dut s’assoir sur elle pour la chatouiller à sa guise. Puis soudainement, Matthew eut l’impression que les battements de son cœur et sa respiration accéléré n’étaient plus dues à l’effort qu’il faisait pour la maintenir… d’ailleurs, l’un comme l’autre étaient à présent immobiles. Troublé, Matt fixa ses prunelles dans celles de la jeune femme, et l’intensité de leur échange lui coupa le souffle. Sans réfléchir, il se pencha vers elle et, d’abord timidement, ses lèvres effleurèrent celles de la jeune femme avant s’y sceller avec passion. Haletants, et brûlants de désirs, les deux « amis » eurent bientôt oublié que Jay était sensé venir les chercher en voiture pour le amener dans le quartier des bars, où un groupe local faisait un petit concert. Fiévreusement, les mains de Matthew caressaient la peau chaude et veloutée de Lynn tandis que les doigts de celle-ci parcourraient délicatement sa colonne vertébrale, le faisant frémir. Un cri hystérique sortit les deux amis de leur étreinte en sursaut et lorsqu’ils tournèrent vivement leur visage vers la fenêtre, ce fut découvrir la mine horrifiée de Jay avant que ce dernier ne se mette à hurler à Padge de rappliquer sur le champ. En un bond, Matthew était sur ses pieds et avait enfilé un tee-shirt. « Putain tu faisais quoi ? » L’agressa gentiment son ami, ce à quoi Matthew répondit « Rien, je ramassais un truc » avec un haussement d’épaule avant de sortir à la suite de son ami. Cet évènement ne quitta jamais l’esprit de Matt, qui ne pouvait s’empêcher de continuer la scène en imaginant que Jason ne les avait pas interrompus. Il ne pouvait plus désormais ignorer le feu féroce qui s’emparait de son cœur lorsqu’il pensait à la jeune femme. C’était une évidence, il l’aimait de tout son être, d’un amour qui n’avait plus rien de fraternel si ce n’était la complicité qui les liait toujours. Ce dérapage, comme ils l'appelèrent sans jamais en parler fut bientôt suivit d'autres évènements du même genre et cette relation instable entre amour et amitié ne pouvait pas durer éternellement. Un soir de décembre, alors que les deux amis s'étaient amusés des heures dehors, la pluie les pris par surprise, les forçant à rentrer se mettre à l'abri, riant aux éclats et se repoussant gentiment. Une fois à l'intérieur, Matthew s'était débarrassé de son manteau et son pull puis s'était retourné vers Lynn qui en faisait autant. La gorge sèche, il ne put s'empêcher de remarquer à quel point son tee-shirt était transparent. Lentement, il s'était approché d'elle et avait effleuré son dos pour qu'elle se retourne. Légèrement surprise, elle tourna son visage angélique vers le sien et une nouvelle fois, cette tension sensuelle qui les liait se fit ressentir dans leurs deux êtres. Alors que les yeux de la jeune femme se baissaient vers ses lèvres, Matthew l'attira contre lui dans une tendre étreinte et elle l'embrassa bientôt avec passion. Ce soir là, alors que le tonnerre déchirait le ciel brumeux de Bridgend, les deux amants firent l'amour pour la première fois. Après, il restèrent longtemps serrés l'un contre l'autre, à s'embrasser avec tendresse ou jouer avec les cheveux de l'autre. Cette nuit là, Matthew avoua en partie à son amie ses sentiments, et la difficulté qu'il avait à la considérer comme une simple amie. Avec un sourire taquin, elle l'avait embrassé sans un mot de plus, mais le coeur battant de joie, Matthew sut que leur relation avait changé, pour son plus grand bonheur.

Les quelques jours suivant furent probablement les plus heureux de Matthew. Ensembles, ils avaient décidés d'être discrets et se comportait comme des amis en public, pourtant un observateur subtile aurait sans difficulté remarqué la passion dans leurs regards. Le soir, au lieu d'aller répéter avec ses amis, Matthew prétextait un devoir à rendre et courrait chez celle qui était désormais plus une amante qu'une amie. Cela aurait put durer éternellement et Matt ne s'en serait pas plaint. Malheureusement le destin en avait décidé autrement et en ce mois de décembre 2002, Lynn le lui fut arrachée. Un soir qu'elle l'avait encore invité à la rejoindre, Matthew se défila à contre coeur, répugnant à planter une fois de plus ses amis qui commençaient à se douter de quelque chose. Souriante, elle l'embrassa avec tendresse et il lui assura qu'ils se verraient le lendemain et auraient toute la soirée pour eux seuls. Après un baiser, il s'écarta d'elle, le coeur léger et un sourire ravi aux lèvres. Il ignorait que ce serait la dernière fois qu'il la verrait vivante.

Le lendemain, comme prévu, Matthew se rendit chez la jeune femme, un peu intrigué en réalisant qu'elle ne s'était pas rendue en cours de la journée mais sans y faire vraiment attention. En réalité ses pensées ne semblaient pas pouvoir se focaliser sur autre chose que son bonheur présent. Se sourire fana pourtant lorsqu'il arriva dans la rue où habitait son amie et découvrit les ambulances et voitures de police qui entouraient sa maison. Le cœur de Matthew eut un raté alors que les documents de cours qu’il avait entre ses mains tombèrent sur le sol ainsi que le lecteur cassette qu’il avait à la main. Sans réfléchir, il s’élança vers le barrage et se faufila vers la porte de la maison. A l’entrée, un homme en uniforme l’arrêta sur le champ en lui précisant qu’il ne devait pas entrer avant de se désintéresser de lui. « Putain qu’est ce qu’il s’est passé, où est Lynn ? » s’était écrié Matthew, perdant le contrôle de ses nerfs pour la première fois de sa vie. Sa voix ricochant contre les murs des autres habitations du quartier attirèrent à nouveau l’attention du policier qui daigna se rapprocher de lui. « Ça, nous essayons de le comprendre depuis ce matin. Mais avec tout le sang qu’elle a perdu elle ne peut pas être allée bien loin… nous tâchons de retrouver le corps » répondit-il avec toute la délicatesse dont on peut attendre des policiers dans des moments pareils. « Le… le sang, le corps ? » Matthew répéta fébrilement ces mots avant d’être pris d’une furieuse envie de vomir. D’un geste sec, il bouscula le policier qui tenta une fois de plus de le retenir « C’est ma sœur bordel de merde ! » hurla le jeune homme avant de se dégager pour monter les escaliers quatre à quatre. Cette fois, personne ne tenta de le retenir. Les lattes grinçaient sous ses pieds alors qu’il se dirigea vers la chambre de Lynn. Une forte odeur de fer et de rouille monta à ses narines alors qu’il pénétra dans cette pièce où ils s’étaient souvent blottis l’un contre l’autre en regardant un film d’horreur. Cette pièce qui était maintenant le théâtre de toutes ces horreurs qu’ils avaient pu voir à la télévision et une impression de malaise s’en dégageait. Les yeux brouillés de larmes, Matthew pouvait pratiquement entendre les hurlements de son amie tandis qu’il découvrait peut à peu les meubles renversés, les draps et les murs tachés de sang et les morceaux de verres provenant de la fenêtre étalés sur le sol. Les jambes de Matthew furent brusquement incapables de le maintenir debout et il s’effondra au milieu de la pièce, une douleur vivace lui déchirant les entrailles alors qu’il se retenait de hurler. Une main se posa sur son épaule, et quelqu’un le releva en lui assurant qu’on faisait le nécessaire pour comprendre ce qu’il était passé et sauver Lynn si c’était encore possible.

On ne retrouva jamais le corps, et bientôt les recherches cédèrent. Lynn fut déclarée morte par les autorités et avec l’accord de son père, un enterrement, vide, fut célébré en sa mémoire. Après cela, Matthew perdit totalement espoir de la revoir un jour en vie. Le gosse rieur et charmeur avait fait place à un jeune homme amer et triste, qui ne se portait debout qu’en se souvenant qu’il devait faire un pas après l’autre, sans penser à rien d’autre. Ses amis tentèrent de l’aider mais étaient eux aussi effondrés par la disparition de celle qui était après tout aussi leur amie d’enfance. D’une façon, Matthew réussit à finir son année de lycée et a obtenir son diplôme de fin d’étude, mais pour son entourage, il n’était plus qu’un fantôme, comme si son âme s’était échappée de son corps au côté de sa sœur. Matthew était bel et bien hanté, hanté par les mémoires qui surgissaient à chaque coin de rue de Bridgend alors que les dix années passées en compagnie de Lynn défilaient devant ses yeux. Lorsqu’il annonça à ses parents qu’il voulait quitter la ville, Lindsay et Brynn ne s’y opposèrent pas, lui demandant tout de même de donner de ses nouvelles. A pieds, avec pour seul bagage un sac remplit de vêtements, sa guitare et un peu d’argent, Matthew partit de Bridgend. Il resta quelques mois à Cardiff, travaillant chez Virgin en tant que vendeur pour se mettre de l’argent de côté. Puis il partit en direction de Londres où il séjourna dans une chambre miteuse, jouant de la musique dans les rues et dans les bars pour avoir de l’argent, composant le reste du temps. Quand il en eut assez et que les nouvelles choses qu’il découvrait n’étaient plus assez excitantes pour l’empêcher de penser au passé, il changea de ville et répéta le schéma, encore et encore, au travers du Royaume Uni et même de l’Irlande. Son Odyssée le mena en Ecosse et il vécu quelques mois à Glasgow qui lui parut une ville agréable. Les années passèrent et après deux ans de vie ainsi, Matthew retourna à Bridgend avec pour idée de reformer le groupe qu’il avait avec ses amis d’enfance pour tenter de faire quelque chose de sérieux. Malheureusement son moral retomba au plus bas lorsqu’il retourna chez lui, et d’un commun accord, les quatre garçons décidèrent de faire leurs adieux à leurs familles et de partir tous les quatre pour Glasgow, ou Matthew avait un point de chute chez des amis qu’il s’était fait. Les mois passèrent, puis les années, et le Gallois semblait panser ses plaies. Puis un jour, une nouvelle fit basculer toutes ses croyances : le gouvernement venait officiellement de l’annoncer : les vampires existaient, et désormais, ils allaient cohabiter.

Réaction Face aux Vampires ;; On n’oublie jamais le premier jour ou son chemin croise celui d’un vampire. Janvier 2009, Matthew finissait une bière dans un petit pub du quartier des bars à Glasgow. Près de sa pinte à moitié vide traînait un article de journal dont le titre faisait froid dans le dos ; « Out of the darkness ». La suite de n’était pas plus rassurante, c’était l’un des nombreux textes révélant l’existence des vampires aux hommes. Au départ, Matt avait cru à une mauvaise blague, puis il avait cru que le monde devenait fou. Enfin, il s’était résigné : les vampires existaient, et Glasgow, son havre de paix, serait désormais la ville où ils débarqueraient par centaines pour se mêler aux humains. Pensif, il avait laissé son esprit divaguer bien loin de cette révélation et aller d’une pensée à une autre quand soudain, ce fut le blackout. Une brusque impression de malaise lacéra ses entrailles alors qu’un étrange froid paralysa ses membres. Cette sensation, que quelque chose n’allait pas, il l’avait déjà ressentit par le passé, alors qu’il avait pénétré dans la chambre de Lynn, théâtre de la tragédie qui s’y était déroulée. Lentement, il se tourna vers la porte d’entrée pour voir une femme sans âge avancer vers le bar si délicatement qu’on aurait dit qu’elle flottait. Elle s’assit à quelques pas de lui, et une fascination tintée d’horreur s’empara de lui alors qu’il la détaillait. Comme amusée par son malaise, elle tourna vers lui son visage sculpté dans le marbre et étira ses lèvres rouges d’un sourire amusé, découvrant ses canines aiguisées. Tous les instincts de Matthew le poussaient à fuir, pourtant il ne pouvait détacher ses yeux de la perfection terrifiante de la femme à la beauté glacée. Puis, un sursaut d’adrénaline le poussa à attraper sa guitare avant de se faufiler hors du bar. Avant cet instant, le Gallois ne s’était jamais demandé comment il réagirait face à un vampire s’il en croisait un, ni s’il était pour ou contre cette idée de cohabitation. Désormais, il le savait ; pour les vampires, il n'était qu’une proie terriblement fragile, et tous ses instincts de préservation lui hurlaient une seule et même consigne : « Pars vite, vas loin, et reviens tard ».

Et maintenant ;; La révélation de l’existence des vampires n’a pas tellement changé la façon de vivre de Matthew. Il vit toujours dans son petit appartement au sommet d’un vieil immeuble à l’extrémité du centre historique de la ville. La journée, il écrit des textes et répète avec les amis de son groupe ou bien lorsqu’il fait beau et pendant les weekends, il joue de la musique dans les rues touristiques de Glasgow, Participant ainsi au Folklore de la ville pour les visiteurs. Le soir, on peut à coup sur le trouver dans les bars, sur une petite scène avec sa guitare ou bien à boire une bière en compagnie d’amis. Psychologiquement en revanche l’existence des vampires trouble assez Matthew qui n’ose s’engager dans les débats animés qui emplissent les bars à l’heure actuelle. Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’arrivant de partout dans le monde, les vampires pullulent à Glasgow, et il ne sait toujours pas s’il est pour cette cohabitation ou totalement contre. Les vampires lui inspirent une crainte presque physique qui lui glace le sang, pourtant jamais aucun d’entre eux ne s’est montré hostile en sa présence. Il s’agit tout simplement d’un instinct de conservation, une petite voix qui lui hurlent de se tenir à l’écart de ces redoutables prédateurs. Alors la nuit, lorsqu’il rentre chez lui, son esprit s’imagine toutes sortes de scénarios et il se prend à presser le pas, longeant les ruelles autrefois connues qui lui semblaient à présent receler de noirs secrets. Et dans l’obscurité de sa chambre avant de s’endormir, son imagination lui fait interpréter toutes sortes de bruits et se retourner plusieurs fois avant de sombrer dans un sommeil troublé. De plus, différentes idées dérangeantes se frayent un chemin jusqu’à son esprit, ramenant à sa mémoire le souvenir vivace de la chambre de Lynn maculée de sang. On n’avait jamais retrouvé le meurtrier, et les marques sur le corps de Bobby, abandonné dans un coin de la maison, étaient si cruelles que les médias avaient utilisé le terme « fureur animale » pour décrire la folie du tueur. Et s’ils n’avaient pas totalement tord, si l’assassin de Lynn n’était pas… humain ?