la solitude est essentielle à la fraternité | pv aidan williams

La nuit était glaciale, et il n’y avait pas un humain qui s’était aventuré hors de la ville, ça leur était d’ailleurs déconseillé, il était de moins en moins rares avec l’arrivée à Glasgow de vampires conservateurs, de retrouver des humains vidés de leur sang dans le National Park. Hope L. Williams était à Glasgow depuis peu, mais elle n’était pas certaine d’y rester bien longtemps, elle ne s’éternisait jamais longtemps à un même endroit. Sa vie de nomade lui plaisait, parce qu’elle n’avait pas de contrainte, pas d’attache, bien que l‘Angleterre restait son berceau, et qu‘elle s’efforçait d’y revenir fréquemment. Néanmoins, il y’avait maintenant plus de dix ans qu’elle n’avait pas mis les pieds sur cette terre, c’était peut-être la raison de sa venue à Glasgow, cette histoire l’intriguait, mais elle se mêlait rarement des évènements qui touchaient à sa communauté, où seulement de loin, elle n’était pas comme son frère, beaucoup plus impliqué, elle menait son existence de son côté, accompagnée ou pas, profitant seulement de temps à autres des avantages qu’elle pouvaient gagner à être la sœur d’un des lords. Elle aimait le pouvoir, la gloire, mais jamais autant que l’aventure et son indépendance, elle aurait très bien pu passer son existence de vampire au sein de Lords, mais elle avait préféré quitter son frère quelques semaines après sa morsure, parce qu’elle recherchait des odyssées exaltantes sur d’autres terres, dans d’autres mers.
La nuit était entamée depuis un moment, et les nuages empêchaient les miroitantes étoiles et la douce lune d’étendre la lumière sur le lac. Elle se mêlait au cadre naturel dans une symbiose idyllique, sous ce décor sombre, il n’y avait qua sa peau opale qui se distinguait, ses long cheveux ténébreux voguaient au rythme de la brise fraiche qui soufflait près du lac, et elle avait face à elle une œuvre inachevée posé sur le sol. On y distinguait encore que quelques traits ici ou là représentant l’ébauche d’un visage enfantin, aux yeux agrandit par un sentiment qui semblait être celui de la peur et de l‘incompréhension. Il s’agissait de ce bambin de trois ans, rencontré en Ukraine dont elle avait tué le père avant de s’attaquer à lui, ce jour-là, elle avait été accompagné d’une horde de vampires, avec lequel elle avait détruit un petit village, un véritable massacre qui restait ancré dans son esprit, et surtout le visage de ce chérubin qui ne la quittait plus. Il ne s’agissait pas de remords, seulement, elle était comme nombre de ses congénères attiré par le sang délectable de ces êtres tout nouveaux. Il ne s’agissait que d‘un croquis, quelques esquisses, pour mettre en place cette scène qu’elle peindrait plus tard. Elle était issue d’une famille d’artiste sa mère était une chanteuse d’opéra et elle avait transmis à ses enfants cette passion pour les arts, son ainé était un virtuose du piano, elle s’était pour sa part tourné très jeune pour le dessin, et particulièrement pour la peinture, mais ces œuvres dégageaient parfois une morbidité qui dérangeait les mortels, elle représentait des massacres, le sang, tout ce qui rythmait son existence vampirique, les portraits étaient plus rares, il s’agissait souvent de victimes marquantes qu’elle oubliait après cet exercice. Elle mettait une violence peu commune dans son art, et n’hésitait pas à mêler à sa peinture l’hémoglobine de certaines proies.
Elle n’aurait su donner exactement le temps qu’elle avait passé ici, près de cette eau polaire, assise sur de l’herbe grasse, les yeux clos, ouverte à l’environnement des alentours, cette expression de plénitude inscrite sur son visage. Elle n’avait pas le même rapport avec le temps que les simples mortels, pour qui il était une véritable obsession. Elle ne courrait pas éperdument après, dans l’espoir qu’il s’arrête, elle avait l’éternité, et pouvait rester hiératique des heures entières, sans aucune attente, semblant entrer dans un monde de parfaite méditation, où elle paraissait même être en train de dormir. Dans les profondeurs de cette nuit, elle ne cherchait pas de nouvelles victimes qu’elle pourrait violement mordre et vider de leurs sang. Elle s’était abreuvée plus tôt du sang d’un trentenaire originaire d ‘Irlande, aux passions inhabituels, les humains venus à Glasgow étaient pour certains instables, ils étaient venu pour les vampires et leur luxure réputée, sans imaginer qu‘ils mettaient leurs vies entres les mains d‘êtres plus sadiques et cruel qu‘eux. Les délires dépravés de son amant avaient excités Hope, et elle n’avait pas hésité pendant ses ébats à vider de son hémoglobine le satyre. Elle ne connaissait meilleur plaisir que de sentir le sang frais sur sa langue d’un humain agonisant à se pieds. Elle avait encore sur sa peau les effluves Paco Rabanne de l’amant trépassé, et le goût de sa chair tendre sur ses lèvres lubriques.