Angelina J. Gucci { The Heart Of Everything

Longtemps boulotte dans son enfance, Angelina n’a pas encore pris conscience de sa beauté. Plutôt mal à l’aise dans sa peau, elle cache sa longue silhouette élancée sous des vêtements trop large qui ne mettent pas en valeur ses jambes galbées, sa taille fine et sa poitrine généreuse. Petite dernière après ses deux grands frères, la jeune femme n’a pas un sens très raffiné de la mode et ce n’est pas sa mère, pourtant mannequin, qui aurait prit le temps de lui apprendre quelques détails sur l’assortiment de ses vêtements. La plupart du temps, elle se contente donc de revêtir les vieux jeans déchirés de ses grands frères et des tee-shirts de vieux groupes de rock ainsi que des pulls en laine plutôt informes et une veste de cuir. Elle possède un tatouage citant une phrase de Shakespeare sur son omoplate et le visage de Marylin Monroe sur son avant bras droit. En la regardant, les passants ne pourraient absolument pas se douter qu’ils ont devant eux la fille d’un mannequin et d’un producteur fortuné.
Doux et harmonieux, le visage d’Angelina trahi ses origines diverses. De sa mère Ecossaise, la jeune femme a hérité une douce peau de lait, un visage fin et gracieux ainsi que de magnifiques yeux d’un bleu des plus purs. Ses lèvres sensuelles, ses longs cils noirs, ses sourcils bien dessinés et sa longue chevelure brune aux reflets d’un châtain rougeoyant lui tombant dans le bas du dos, Angelina les tiens de son père Italien. L’ensemble de ces traits, pourtant si différent, s’assemble avec harmonie pour faire de son visage une œuvre peu commune. Trop jeune et réservée, Angelina n’a pourtant aucune conscience de la beauté sensuelle de son visage, ce qui lui confère une sorte de charme innocent là où on s’attendrait à découvrir un charisme hautain. Peu maquillée, le visage souvent caché par ses longs cheveux, Angelina n’est pas de ses filles qui attirent forcément le regard. Pourtant quiconque se livrerait à un examen précis de la jeune fille en conclurait qu’elle est probablement la plus jolie femme qu’il lui ait été donné de rencontrer.

Plutôt discrète et douce, Angelina n’est pas le genre de personne à rechercher le feu des projecteurs. A cause de problèmes de poids, il était difficile à la jeune femme de s’intégrer parmi les autres enfants de son âge qui se moquaient de ses petits kilo en trop. Les enfants sont cruels entre eux et ne réalisent pas souvent les troubles qu’ils peuvent causer à long terme. Détestant son physique, Angie n’était pas vraiment aidé par son père, qui lui assurait qu’elle était magnifique sans même lui jeter un regard ou sa mère, anorexique et obsédés par son poids, qui passait son temps à la peser et pousser des cris en voyant le résultat s’afficher sur l’écran digital. Heureusement Ange a pu souvent trouver du réconfort auprès de ses deux grands frères qui, à défaut de la rassurer, l’ont acceptée telle qu’elle été. D’eux, elle tient son caractère un peu décalé et sa passion pour la musique rock et métal. Ouverte d’esprit et naturelle, Angelina est humaine et sensible. Il est très facile de lui donner le sourire comme de la faire pleurer. Un peu rêveuse, la jeune fille a souvent eut des modèles féminins parmi les actrices ou ses camarades de classe, espérant un jour faire partie de ses filles que les garçons remarqueraient. Franche et volontaire, Angelina sait qu’on ne peut pas passer sa vie à attendre que quelque chose se produise, et que si on veut du changement, il faut y mettre du sien. Influençable et naïve, elle serait ainsi capable de se mettre au sport si elle a le béguin pour un sportif ou de s’inscrire à des cours de Français pour pouvoir communiquer avec le beau garçon en échange de lycée. Intelligente et passionnée, Angelina ne se repose pas sur les acquis de ses parents et compte faire quelque chose de sa vie future en rapport avec sa passion pour la musique. Pourtant son manque de confiance en elle et sa peur de l’échec l’empêchent de prendre des initiatives trop importantes, ce qui la frustre profondément. Fidèle et dévouée pour ses amis ou sa famille, la jeune fille est d’une gentillesse sans limite dont certaines personnes abusent peut-être. Le cœur d’Angelina déborde d’affection et d’amour qu’elle ne donne pas forcément aux bonnes personnes, ce qui la blesse terriblement lorsqu’elle s’en rend compte. Encore jeune, il lui est difficile de prendre du recul sur les situations qui lui semblent souvent bien plus dramatique qu’il n’en est réellement. Les sensations à fleur de peau, Angelina à une perception aigüe du monde qui l’entoure et prend souvent les attitudes des autres comme des gestes de rejets à son égard. Par exemple, si elle entend une personne éclater de rire à ses côtés, la jeune femme serait tentée de penser qu’elle est l’origine de cette hilarité. Son manque de confiance en elle la pousse aussi à s’accuser stupidement de ses échecs et de se remettre toujours en question, cherchant ce qui ne va pas chez elle. Elle en attend trop d’elle-même, et ne réalise pas encore que la perfection n’existe pas, et qu’il suffit d’être soit même pour être heureuse ; alors forcément, elle craque par moment sous la pression qu’elle s’impose dans sa quête d’elle-même. Romantique et pleine d’espoir, Angelina attends peut être tout simplement de croiser le chemin de quelqu’un qui serait prêt à l’aimer telle qu’elle est, et lui faire comprendre d’un regard qu’elle est magnifique.

Producteur renommé dans l’industrie cinématographique, Matteo Gucci, Italien, avait rencontré Rose McGregor, mannequin Anglais, alors qu’ils tournaient une campagne publicitaire pour Chanel. Immédiatement conquis par la beauté de la jeune femme, Matteo ne s’était soucié ni de leur différence d’âge, ni de sa femme, pour qui ses sentiments semblaient diminuer chaque jour d’avantage. Sans réfléchir, il avait rompu avec elle et épousé Rose. Aménageant avec elle en Ecosse, il avait amenait sous son bras Paolo et Orlando, les deux fils que lui avait donné son ancienne épouse.

6 septembre 1991, les deux gamins aux prunelles et aux cheveux si sombrent se penchèrent avec curiosité au dessus du berceau d’Angelina Jayleen Gucci, leur demi-sœur aux yeux si clairs. Angelina fut bientôt rapatriée dans la maison familiale, une somptueuse demeure victorienne située en plein centre de Glasgow. D’architecture moderne, l’intérieur comprenait bien évidement un studio et une salle de sport ou Rose pouvait s’entraîner à loisir pour garder cette silhouette qui la rendait si célèbre dans le milieu de la haute couture. Anorexique et obsédée par le poids, elle décida de prendre en main la silhouette de sa fille unique et lui fit subir son premier régime avant même qu’elle ne commence à marcher, décidant qu’il était grand temps qu’elle perde ces « affreuses rondeurs ». Privée de manger à sa faim avant même de comprendre le sens de ce mot, Angelina développa un rapport très conflictuel à la nourriture et ce dès son plus jeune âge. A la maison, toutes les sucreries étaient proscrites et les rations du repas (trop vertes aux goûts d’Ange) ne satisfaisait jamais sa faim ni celle de ses deux aînés. Débrouillards et plus âgés qu’elle, ils utilisaient toujours leur argent de poche pour s’acheter des friandises qu’ils partageaient de bon cœur avec leur petite sœur. De peur d’avoir faim, Angie grignotait ainsi tout au long de la journée, sachant que les repas ne la nourrissaient jamais assez. Rapidement, elle fut en surpoids, et prit alors pour la première fois conscience du regard des autres.

A l’école, les enfants se mirent rapidement à l’appeler « bouboule » ou autres surnoms tout aussi cruels que stupides. Triste de se sentir ainsi rejetée, son rapport à la nourriture s’en trouva encore plus complexe, un mélange de haine et de désir. En plus des moqueries de ses camarades, Angelina souffrait de la comparaison avec sa mère, dont tous les magazines ventaient la beauté et la finesse. Ange se mit à détester son corps et à rêver qu’un jour enfin elle serait aussi belle que sa mère, et que les garçons, au lieu de lui jeter des morceaux de gommes pendant les leçons, lui offriraient des fleurs en lui déclamant des poèmes. Heureusement tous les camarades de sa classe n’étaient pas aussi méchants et, sous les conseils de Paolo – toujours bonne oreille – Angelina se fit des amis qui se fichaient assez de savoir si elle était ronde ou non.

A l’adolescence, le corps d’Angelina se mit naturellement à s’affiner, sans que la jeune femme en prenne vraiment conscience. Ce n’était pas l’effet de quelque régime, tout simplement son corps se développait et les rondeurs enfantines se mirent à disparaître alors qu’elle prenait centimètres sur centimètres, pour presque parvenir à la même taille que son frère ainé – plutôt petit pour un homme. Hélas, cela faisait longtemps qu’Angelina avait cessé de regarder son corps dans la glace, et au lieu de reprendre confiance en elle, elle continua à se persuader qu’elle n’était pas assez mince, ou assez jolie. A cette période, Angelina, qui avait toujours aimé la musique, réalisa qu’il s’agissait d’une véritable passion pour elle. Avec ses frères, elle aimait écouter des albums de rock et de métal pendant des heures. Paolo avait un groupe de métal et elle adorait le voir jouer de la basse dans les petits bars de Glasgow. Afin de passer moins de temps chez elle et de vivre sa passion, elle décida de travailler à temps partiel dans une boutique vendant des vieux vinyles de collection et put parfaire sa connaissance en matière de musique. Ce n’était pas vraiment qu’elle avait besoin d’argent de poche car ses parents étaient quasiment millionnaires, mais cela lui permettait d’avoir un peu de temps à elle, et d’éviter de se confronter à la silhouette longiligne de la mère qui la faisait toujours se sentir obèse.

La vie d’Angelina continua de son pas et elle entra bientôt au lycée. Aveuglée par ses complexes, la jeune fille ne réalisait pas qu’elle était devenue une superbe jeune femme répondant parfaitement aux critères de beauté de son époque. Et si Rose l’avait remarqué, elle se garda bien de lui dire, car jalouse comme une teigne, la femme refusait de vieillir et de voir sa fille lui voler la vedette. Angelina se fit de nouveaux amis, dont la majorité ignorait les problèmes qu’elle avait pu avoir dans le passé. Plusieurs la trouvaient même assez canon et auraient probablement tenté de l’approcher ou de lui proposer un rendez-vous si elle ne semblait pas si réservée. Ils préféraient se rabattre sur ses amies, moins jolies mais plus accessibles, ce qui désespérait Angelina, persuadée que son physique était toujours le problème. Mais après tous, les types de son lycée ne l’intéressaient que très moyennement… en réalité, Angelina avait tendance à tomber sous le charme des amis de son grand frère, de beaux musiciens aux cheveux longs qui jouaient dans les bar de la ville où elle s’était mise à passer de plus en plus de temps.

C’est dans la presse qu’Angelina apprit pour la première fois que les vampires existaient. Elle regardait la télévision avec ses frères lorsque l’annonce spéciale était passée, avec des images très convaincantes pour éviter aux septiques de croire à une blague. Dans un premier temps, la jeune femme n’avait trop su quoi en penser, essayant de se demander s’il s’agissait de véritable vampires comme dans les légendes ou bien tout simplement d’humains avec une maladie de peau qui devaient se cacher du soleil. Hélas, quand on commença à parler de True Blood et de Glasgow comme la ville test, la jeune fille dut se rendre à l’évidence : les vampires existaient, ils buvaient du sang et ils arrivaient par centaine dans son havre de paix. Ces créatures lui faisaient froid dans le dos et elle décida de ne jamais les approcher, par instinct de préservation. Elle ne faisait pas partie de ces personnes voulant à tout prix les exterminer, mais l’idée de parler à l’un d’eux la pétrifiait totalement.

L’arrivée des vampires dans la vie d’Angelina eut tout de même un gros point positif. Habituée à traîner dans les bars où jouait son grand frère, elle avait toujours été considérée comme l’adorable petite sœur sur qui il fallait veiller par les copains de Paolo. Cette attention qu’on lui portait redoubla avec l’arrivée de ces vampires qui erraient dans les rues le soir. Comme elle terminait son service à la boutique de vinyle en même temps que Matthew Llewelyn finissait de jouer de la guitare dans les rues, c’est tout naturellement qu’il s’était proposé de la raccompagner chez elle. Le cœur bondissant de joie, Angelina avait remercié tous les vampires de la région en pensée, ayant toujours été sensible au charme du Gallois de huit ans son aîné. Ce dernier semblait pourtant toujours l’avoir considérée comme une gamine gentille qui ne valait pas tellement la peine de s’attarder trop longtemps. Durant leurs longues marches, ils apprirent à se connaître et se mirent à passer de plus en plus de temps ensemble, même en plein milieu de la journée, lorsque l’excuse de la protéger ne tenait plus. Trop timide, Angelina n’avait jamais essayé de flirter avec Matthew et elle crut pendant bien longtemps qu’il la trouvait juste « gentillette » tandis que son cœur bondisse lorsqu’il la prenait dans ses bras ou lui jouait un morceau de guitare. Jamais elle ne se serait douté que la seule chose qui retenait le jeune homme de l’embrasser était leur différence d’âge et non pas son physique. Et puis un jour, il sembla décider que cela n’avait plus d’importance puisqu’il se pencha vers elle pour embrasser ses lèvres. Depuis quelques semaines à présent, Angelina ne touche plus terre. Elle est toujours lycéenne et vendeuse dans sa vieille boutique, elle plus complexée que jamais à l’idée de se déshabiller devant son premier petit ami et traumatisée à la pensée de croiser un vampire mais en même temps, elle ne s’est jamais sentie aussi vivante.