Alyssa Jazz Bennett { Le hasard croit au destin qui croit au hasard. } >> END

Je me réveillai en sursaut ce matin. Aujourd’hui, s’était la rentrée scolaire. Ma toute première rentrée scolaire. J’avais à peine réussit à dormir durant la nuit. Des cauchemars me hantaient. J’imaginais clairement l’école. Un professeur démoniaque, d’autres enfants pris dans le même piège que moi. Le professeur voudrait qu’on lui obéisse à la lettre et si on ne le faisait pas, il nous emmenait en dehors de la classe et nous faisait quelque chose d’impardonnable. Dans mon rêve, s’était moi qu’il emmenait hors de la classe. J’avais tout simplement fait une faute dans un texte sur les chats… mais s’était mal j’imagine. Il m’appela par mon nom. Je le suivais alors pour sortir de la classe. J’aurais voulu crier ou partir à courir. Imiter l’oiseau s’il le fallait et aller sauter par la fenêtre, mais mes pieds me guidait vers l’extérieur de la classe. Je ne voulais pas y aller, mes pieds y allaient, mais je ne les contrôlais plus. J’entendis la porte claquer derrière moi. Je m’imaginais tous les autres élèves entrain de regarder la porte d’un air trise. Le professeur me regarda d’un air sérieux et s’approcha de moi. Il détacha alors la boucle de ma ceinture et me l’enleva. Je ne portais jamais de ceinture, mais aujourd’hui il m’en fallait une parce que s’était l’uniforme. Je regardai le professeur plié scrupuleusement ma ceinture grise. Je voulais partir, je le pouvais. Des larmes coulaient sur mes joues. Au moment où j’allais tourner les talons, je vis le professeur lever le bras et la ceinture s’approcher de mon visage. Chaque nuit je faisais ce cauchemar. Je ne voulais pas en parler à maman ou à papa, ils n’auraient pas aimé. Ils m’auraient dit que je ne devais pas m’en faire et que l’école se n’était pas comme ça. Mais je savais la vérité, moi. En posant les pieds sur le sol, je sentis le froid du plancher, mais ça ne me dérangeait pas. J’accourus vers la chambre de mes parents. Maman était là, mais pas papa. Je vis ma mère qui sommeillait encore. Je fis alors plus attention où je m’étais les pieds et m’approchai doucement. Je m’agenouillai devant son visage et chuchota « maman. » plusieurs fois pour qu’elle se réveille. Lorsqu’elle ouvrit finalement les yeux;

« BOUH! »

Et je partis à courir dans la direction inverse de celle que j’avais prise tout à l’heure. J’entendis maman me dire qu’elle allait m’attraper, mais je savais bien que s’était moi qui courrait le plus rapidement! Mais je dus ralentir pour éviter la table de salon et elle m’attrapa me faisant virevolter dans les airs et me déposant finalement sur le sofa. Je ria aux éclats et maman m’embrassa alors sur la joue, m’enlaçant de façon exagéré.

« Ma belle grande fille qui va à l’école pour la première fois! »

Je frissonnai à cette idée me rappelant mon rêve de la nuit passée. J’enlaçai alors à mon tour maman, mais je recherchais plus du réconfort qu’autre chose. Je me sentis alors soulever de terre et déposer par-là suite sur l’une des chaises de la cuisine. Maman me fit à déjeuner et je le mangeai. Elle fit ensuite tout ce qu’elle faisait le matin. M’aidant à choisir mes vêtements, à peigner mes cheveux et à faire un peu le ménage de ma chambre. Lorsque je la vis sortir un sac et y rangé des cahiers, je compris que malheureusement ça arrivait. L’heure où j’allais mettre les pieds à l’école. Elle m’aida alors à mettre mes bottines et mon manteau. Lorsqu’elle me mit mon bonnet, je ne pus continuer à me retenir. Les larmes coulèrent sur mes joues abondamment. Je me lançai dans un charabia effroyable jusqu'à ce que je sentis maman mettre son index sur ma bouche pour me dire de me calmer et d’y aller plus lentement.

« Je veux pas aller à l’école! Les professeurs y sont méchants, je le sais, je l’ai vu dans mon rêve! »
« Oh ma chérie! »

Je me retrouvai une fois de plus dans les bras de ma maman. Elle me consola, me répéta ce que j’avais imaginé. Je reniflai et fit signe que oui. Oui j’allais aller à l’école quand même. Je devrais survivre! Maman m’amena donc jusqu'à l’arrêt de l’autobus. J’avais mon doudou dans les mains. Je ne pouvais aller à l’école sans. J’avais demandé à maman si je pouvais l’amener et elle m’avait dit oui. Je le serrai fort et monter les escaliers du grand autobus jaune. Je fus surprise de voir les autres élèves. Ils avaient l’air content d’aller à l’école. Je plissai les yeux pour être certaine de ce que je voyais. Ils avaient tous un énorme sourire plaqué sur leur visage. J’avançai d’une démarche inquiète. Pourquoi était-il si heureux? J’observai les places de libres. Une belle gamine rousse avec un bonnet rose était seule. J’allai aussitôt m’asseoir près d’elle.

À la fin de la journée, mon avis avait complètement changé sur l’école. S’était super! Je m’étais assise près d’une enfant du nom de Lizzie dans l’autobus et elle était très gentille. Mes professeurs aussi… Tout était mieux que je l’imaginais en fait.

Et le bonheur tel qu’il était continua jusqu'à ses 9 ans…

Armée de mon sac rose bonbon, cadeau de mon père, j’enlevai mes bottines bleutés d’un air détaché. Je ne voulais pas venir à cette fête d’anniversaire; je n’y connaissais personne. Je connaissais quelques peu la fillette qui fêtait son anniversaire pour l’avoir considéré comme amie durant une année. Lizzie si je me souvenais bien… Je ne lui ai pas reparlé depuis si longtemps que je me sentais intruse. Je gardai ma veste ayant en tête de lui offrir le cadeau que j’étais allé acheter auparavant et partir aussitôt. Mais dès que je posai un pied sur l’escalier pour aller rejoindre les autres enfants, je vis descendre une masse de cheveux roux. Elle s’arrêta devant moi, faisant mine de réfléchir. Je la regardai mal à l’aise d’être dans l’escalier avec ma veste et le petit cadeau dans mes mains. Il suffisait de voir ces autres cadeaux pour voir que le mien ne valait pas grand-chose.

« Alyssa, c’est ça? »

Je sursautai en entendant sa voix. Je hochai la tête et elle me répondit avec un énorme sourire sans doute heureuse d’avoir réussit à trouver mon prénom. Elle me prit alors le poignet et m’entraina vers sa chambre. Je m’attendais à ce qu’il y ait une cinquantaine de gamin, mais il n’y avait qu’une dizaine de gamin. Déjà dix de plus que je ne connaissais pas. Je les regardai tour à tour. Ils étaient assis en cercle, je n’osai pas aller me faire une place parmi eux et alla plutôt m’asseoir dans un coin plus loin. Je déposai mon cadeau près de moi et regardai encore les autres enfants. Lizzie semblait leur expliquer à jouer à une chasse au trésor. Je m’en irais pendant qu’il jouerait. Je n’avais jamais aimé ce jeu de toute façon. En fait, je n’y avais jamais joué. Je remarquai alors que les gamins se levèrent tous et partirent rapidement vers l’escalier, sans doute pour être le premier à arriver au trésor. Je vis une des enfants s’arrêter et me regarder. Elle regarda l’escalier et me regarda par-là suite répétant ce manège plusieurs fois. Je ne sus pourquoi, mais elle vint alors s’asseoir près de moi. Durant 2 longues minutes, on garda silence. Je sentais son regard me fixer comme si j’avais fait un truc qu’il ne fallait pas. Elle arrêta alors de me fixer et prit enfin la parole;

« Je t’ai jamais vu auparavant. »
« Possible. »

Moi non plus je ne l’avais jamais vu auparavant. Pourtant je pouvais parier qu’elle allait à la même école que moi. Peut-être était-elle plus vieille ou plus jeune? Probablement. Je connaissais tout le monde mon niveau. Je la sentis alors se lever. Je me disais qu’elle devait sans doute en avoir marre de moi. Mais au contraire elle vint se poster devant moi et me tendre la main. Je regardai sa main abasourdie. Je savais qu’elle voulait que je la lui serre, mais à quoi bon? Je décidai de quand même participer et lui pris la main qu’elle me tendait. Elle se mit alors à bouger le bras de bas en haut.

« Enchantée, je m’appelle Elysabeth. »
« Moi c’est Jazz. »

J’avais sorti mon deuxième prénom de manière décontracté sur un coup de tête. Jazz sa sonnait vachement mieux! Adieu Alyssa, bienvenue Jazz. Je vis son visage s’étirer de façon à ce qu’elle me décroche un sublime sourire. Elle était vraiment belle cette gamine! Elle m’aida alors à me relever d’où j’étais assise et me regarda d’un œil critique. Comme si elle évaluait combien de défauts j’avais. J’eus le réflexe de passer ma main sur mon pantalon pour y enlever les poussières. Elle se mit alors à rire.

« T’es marrante toi! »

Et elle me tira pour m’emmener dans l’escalier. J’étais sensé partir discrètement, mais je ne crois pas qu’Elysabeth comprendrait. Qui sait, peut-être était-ce le bon moment pour participer à ma première chasse au trésor? Contre toute attente, j’abandonnai mon plan d’échappatoire et partie à la conquête de ce trésor.

Après une heure de recherche, Elysabeth et moi en avons eu marre de ce trésor. Les autres enfants en avaient trouvé des parties, mais nous rien. C'est à ce moment qu’elle m’invita à aller à l’extérieur, chez moi ou chez elle. Je n’avais pas vraiment envie d’aller chez moi, j’y passais le plus clair de mon temps. C’est sans doute de cette façon que je me retrouvai devant sa télé. On regardait une émission que je n’avais jamais vu auparavant, mais que Elysabeth semblait adoré. Et son frère aussi. Puisqu’il s’était joint à nous dès qu’il avait vu l’image de la télévision. Je ne sais pas pourquoi, mais je les aimais bien, même si je ne les connaissais pas depuis longtemps.

Malheureusement, tout vint ce gâcher 2 ans plus tard...

11 ans à maintenant.

« Par-là suite, vous prenez le 3 et le multipliez par... »

Je n’écoutais pas du tout ce que le prof pouvait raconter. Mais j’avais diverses raisons pouvant m‘excuser. De un, s’était des mathématiques. De deux, je ne pouvais m’enlever de la tête la soirée qui m’attendait. Comme j’avais hâte! Je trépidais d’impatience depuis la matinée tombant sur les nerfs de plusieurs. Mais que pouvais-je y faire? J’étais heureuse! Ce soir, toute ma famille serait là. Pas seulement ma mère, mon père aussi! Il me l’avait promis. Pour une fois, je l’ai crus. J’avais la nette intuition qu’il serait là ce soir. Puisqu’il ne restait que quelques minutes et que le prof n’avait pas le temps de commencer le prochain numéro, il nous laissa sortir à l’avance. Ce prof était réputé pour ce genre de déviance au règlement et c’est pas moi qui va me plaindre. Je plaçai soigneusement mon sac sur mes épaules et partit de l’école presque à la course. J’avais précisé à Ely qu’aujourd’hui je ne l’accompagnerais pas jusqu’à chez elle, mais que j’irais directement chez moi. Je courus presque. Je ne voyais que si peu mon père. Était-ce normal pour une gamine de voir son père une fois tous les trois mois? En fait, j’en avais rien à faire. J’aimerais toujours mon père même si je ne le vois que peu de temps. Il reste mon père bon sang! C’est en partie grâce à lui que je vis dans une belle maison et que je suis nourrie. J’arrêtai alors ma course lorsque j’aperçus le porche de ma maison. Je montai les quelques escaliers et j’entrai à l’intérieur. Ma maison est magnifique, rien ne traîne, tout est toujours ranger après avoir été utilisé. Ce n’était pas un taudis, tout au contraire. J’enlevai mes souliers de sport que je n’avais pas enlevé en cour et partit à la recherche de ma mère ou même de mon père.

Je parcourus plusieurs pièces avant de m’arrêter. J’entrais que rarement dans la chambre de mes parents. J’y entendais des bruits donc ils étaient au moins un là-dedans. Je tournai doucement la poignée et ouvrit la porte. J’eus l’occasion de voir une scène qui me fit mal. Mon père était assis sur le lit tête baissé et j’étais presque certaine qu’il pleurait. J’en eus la confirmation lorsqu’il releva la tête pour m’observer. Il la rebaissa aussitôt pour pleurer de nouveau. Mais que se passait-il? J’approchai alors de mon père et allai m’asseoir près de lui. Il passa alors son bras sur mon épaule et m’enlaça. Mon père n’avais jamais fait cela. Je compris alors que quelque chose de grave arrivait. Où était maman? Sans le vouloir, je m’enlevai de son étreinte de façon brusque.

« Où est maman? Où elle est? »
« Ma belle, ta mère est... »
« Non, ferme-la! »

Je ne voulais pas l’entendre. Je le savais, mais l’entendre serait définitif. Trop définitif. Ma mère avait toujours été là pour moi. Aujourd’hui, on m’annonçait qu’elle était morte? Non, s’était impossible. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues et je ne pus les empêcher de continuer. J’étais en colère et triste en même temps. En colère parce que j’aurais dus être au courant avant. Ils auraient dus me le dire. Me sortir de ma stupide excitation pour me mettre au courant. Et j’étais tout simplement triste pour la bonne raison que jamais je n’avais pus dire au revoir à ma mère, elle était partie tout simplement. Les larmes coulaient de plus en plus. J’observai mon père. Il n’osait plus me regarder, regardant ses pieds, les larmes s’estompant petit à petit au coin de ses yeux. Je ne pus m’empêcher de lui demander. De lui poser la question qui me hantait.

« Que lui est-il arriver? »

Il releva la tête, me laissant voir l’état piteux dans lequel il était. Ses cheveux était en bataille, il ne portait plus sa veste noire et sa cravate était à moitié détaché, les larmes rougissaient ses yeux et il tremblait de tout son corps. Je ne devais plus être dans un bon état moi non plus. Il sembla hésiter avant de me répondre, baissant les yeux et les remontant. Il ouvrit finalement le bouche et d’une voix tremblante, m’expliqua.

« Elle était en voiture, elle revenait du marché du coin. Elle venait tout juste de m’appeler pour vérifier que je ne t’avais pas oublier. Ensuite, un homme conduisait alors qu’il avait consommer de l’alcool, il a dérapé et a foncé dans la voiture de ta mère... »

Je frissonnai. Je connaissais très bien la suite. Je ne pus alors m’empêcher d’haïr l’homme qui avait osé être aussi imprudent. Des larmes plus violentes coulèrent sur mes joues et je me laissai tomber sur le plancher. Je me surpris à demander que ce soit un rêve. Que j’aie rêver tout ce que venait de me raconter mon père, que j’étais dans mon lit, confortablement couchée. Mes doigts se posèrent sur mon bras et je me pinçai. Ça faisait mal, très mal. Je sentis alors le regard de mon père sur moi. Je relevai les yeux et il ne me quitta pas des yeux pour la première fois de la soirée. Je regrettais la soirée que j’avais prévue. J’avais eu raison, mon père était bel et bien là. Mais pas ma mère, plus jamais elle ne sera là. Je reverrai sans doute une fois son corps, mais plus jamais son esprit. La personne que j’aimais le plus m’avait quitté pour ne jamais revenir. En valais-je si peu la peine? Était-je une si mauvaise fille? Avais-je fait du mal au seigneur pour qu’il me l’enlève? Si c’est le cas, pardonnez-moi seigneur même s’il est déjà trop tard.

« Chérie, j‘ai quelque chose à te dire. »

J’avais envie de lui crier de me démolir, qu’il ne restait plus qu’à donner un petit coup pour que je sois complètement à terre. Mais je me retint. J’aimais mon père, s’était le seul qui me restait. Je n’avais pas le droit de lui faire plus de mal. Il ne le méritait pas, il n’avait rien fait. Je me mordillai donc la lèvre tentant de retenir mes larmes, de voir clairement mon père. Je le vis hésiter plus que jamais. Lui qui était toujours si sûr de lui, je me sentais affreusement déstabilisé de cette vision.

« Je me devais de te l’avouer ma belle, tu es... adoptée. Il ne reste pas moins que tu es ma fille et que je t’aime exactement comme si tu étais de moi, mais je devais te le dire... »

Je regardai mon père, attendant le moment fatidique du « C‘est une blague! », mais il ne vint pas. Tout s’éclairait maintenant. Personne n’avais jamais voulu de moi. Mes vrais parents m’avaient abandonné, mon père se cachait et apparaissait quatre fois dans l’année et ma mère... ma mère était allé avec le plus fatidique de tous les moyens. Avec moi, les gens s'en iront toujours, parce que je ne vaux pas la peine qu'ils restent et c’est comme ça j’imagine.

Et elle parcourut son adolescence dans le même état d'esprit, faisant son deuil chaques jours un peu plus...