Heather Wind [Terminé]

« Il a dit que tu étais jolie. C’est presque insultant. Tu es beaucoup plus que ça ». Même si je ne m'en rends pas compte, il semblerait que cela soit la stricte vérité. J'appartiens au monde des mortels. Je n'ai rien d'extraordinaire. Et pourtant, la vie en a voulu autrement. Pour commencer, j'ai de longs cheveux bruns lisses, qui possèdent des reflets auburn. Autrefois, je ne supportais pas les cheveux détachés et faisais souvent des queues de cheval. J'ai de grands yeux chocolats, un front large et des pommettes hautes. Il n'y a rien que je supporte chez moi ; excepté mon teint pâle. En effet, je ressemble parfois aux vampires. Tous vampires et magnifiques. Mon menton est mince et mon nez fin. J'ai des lèvres pleines, peut-être un peu trop pour mon petit visage. Mes sourcils sont légèrement plus foncés que mes cheveux. Mais mon pire défaut ; je me ronge les ongles. D'une nature stressée, je ne peux faire autrement. Même si je suis banale et sans artifices, je me supporte telle que je suis.

Le caractère de Heather est assez simple vu de l'intérieur. Elle a un grand sens de l'humour et manie les mots avec facilité, tournant ses phrases comme on suivrait une bonne recette de cuisine. Elle n'est que très peu démonstrative lorsqu'il s'agit d'elle-même et préfère rester évasive lorsqu'on lui demande de parler d'elle. Assez feignante, elle sélectionne les choses pour lesquelles elle se battra, elle fait un tri qui une fois décidé n'est que très rarement revu à l'inverse. Mais lorsqu'elle s'est promise, qu'elle s'est engagée, auprès de quelqu'un ou juste d'elle-même, elle donne tout ce qu'elle a. Heather a un caractère bien trempé et se laisse très difficilement dominée aussi bien par une situation qu'une personne. Ce côté corsé, où se mêlent humour noir, ironie et vivacité, laisse aussi une part importante à une éloquence, une témérité et une imagination débordantes. Pour Heather, la vie se résume assez simplement : ce qu'elle aime et ce qu'elle n'aime pas. Le reste fait l'impasse dans sa vie et elle ne s'en porte que mieux. De l'extérieur, cela se complique un peu: Heather peut en effet sembler assez froide, mais la réelle raison est qu'elle semble détachée de tout. Mais se fier aux apparences étant quelque chose de « malsain », veillez à mieux la surveiller. Lorsqu'elle lève un seul sourcils, vous l'ennuyez. Elle aspire sa lèvre inférieur? Elle réfléchit. Elle se ronge un ongle? Elle s'ennuie. Elle fume? Elle est stressée et il est conseillé de ne pas rester dans les parages. De nature curieuse, ce défaut qui est aussi une de ses principales qualités, elle note énormément de choses sur les gens, ses affaires en cours, ses ressentis, dans un petit carnet noir dont la couverture est en peau de crocodile. Assez simple, sa vie lui convient du moment qu'elle a un paquet de clopes, un dossier sur lequel bosser un peu et un lit avec un énorme édredon. Bien qu'ayant de nombreuses connaissances, de ses deux premières années au lycée de Glasgow où son nom est connu de tous, de ses nombreux voyages, Heather n'a que quelques bons amis avec lesquels elle entretient de réels rapports de grande complicité. Un peu sadique, elle est très mauvaise perdante et vas jusqu'au bout de ses convictions, ayant beaucoup de mal à accepter la défaite. Elle a les enfants en horreur et évite donc assez souvent les réunions de famille où Jasrine ne cesse de lui refiler ses rejetons aux yeux exorbités. Heather n'aime pas qu'on s'accroche à elle et qu'on devienne dépendant d'elle. Cela la trouble et l'effraye, bien qu'elle ne l'avouera jamais. Enfin, dotée d'un franc parler assez démesuré, elle dit très promptement et spontanément ce qu'elle pense, froissant parfois plus qu'elle ne l'aurait souhaité, même lorsqu'elle n'est pas concernée où qu'on ne lui a pas demandé son avis.

Tout le monde ne naît pas dans l'attente oisive et euphorique de deux futurs parents aimants. Heather le comprit assez tôt. Née dans le Manoir familial, the Dundrum Manor et dans une famille de la bourgeoisie, Heather naquit un soir d'hiver, quelques jours après la Nativité, le cinq juillet. Après de nombreuses heures de souffrance, Lady Wind, née Scyllah Chesterfield, mis au monde un nourrisson à la peau pâle et presque translucide. Loin d'être surprise, Scyllah et son mari, Sir Dawson Wind, attendirent avec appréhension l'annonce du sexe du nouveau né. Alors que le médecin venu exprès de Dublin s'affairait à laver l'enfant, il régnait une tension plus que palpable dans la pièce qui s'entendait à présent la sueur et le sang séché. Les fenêtres étaient embuées et l'horloge de la chambre à coucher des parents Wind laissait tonner les secondes dans un son qui semblait tonitruant face au silence de tous les occupants de la pièce. Le médecin se tourna enfin vers les parents, la tête baissée, dans un ultime baissement découragé d'épaules. « C'est une fille. ». La cinquième.

Leur cinquième fille venait de voir le jour. Une de plus, pensa lâchement Sir Wind. Ce dernier ne rêvait que d'un héritier masculin déjà bien avant la naissance de ses quatre précédentes filles. Comment se contenter d'une fille lorsqu'on peut avoir un successeur? Pourtant, le sors s'acharnait contre lui. Cinq filles. Il y avait eu Elizabeth, dix ans, l'aînée au caractère capricieux, Jasrine, huit ans, la seconde et effacée, Shiloh, presque sept ans, la troisième et déjà érudite, Violet, cinq ans, la quatrième et coquette et enfin cette petite dernière, Heather. Ils avaient tout d'abords pensé à l'appeler Pandore, mais Sir Wind en avait plus qu'assez des prénoms à consonances antiques et des prénoms de leurs grand-mère à lui et à sa femme. Non, pour cette dernière qui serait sans doute leur dernier enfant, ils choisirent enfin Heather, Sir Wind choisit ce prénom contre l'avis de son épouse. Cette enfant serait leur dernière. Celle qui terminerait cette malchance à laquelle il avait eu droit. Celle qui serait la dernière des Wind. Il espérait que sa dernière fille n'hériterait pas d'un des vices notoires de ses sœurs aînées. Il plaçait quelques minces espoirs dans ce nouveau né. Extrêmement minces. Lady Wind soupira. Encore une. Encore une enfant à marier. Bien sûr, elle était heureuse d'avoir cet enfant, mais cela sentait le déjà vu, il n'y avait pas l'appréhension et l'excitation de nouvelles découvertes. Non. Une cinquième fille. Cinq fois la même chose, mais en même temps quatre caractère d'ors et déjà diamétralement opposés. Qu'en serait-il pour la cinquième? Elle grandirait au milieu de ses sœurs, sans doute houspillé et torturée, câlinée et étouffée, avec quatre mères par procuration sur son dos.

Heather, malgré ses quatre soeurs aînées, ne se laissa jamais menée à la baguette. D'un tempérament de feu et une lueur sauvageonne dans les yeux, elle tenait plus du garçon manqué que de la gentille petite fille de bonne famille comme l'étaient ses soeurs avec ou sans leurs masques mondains. D'un naturel sauvage et bagarreur, Heaher fit le désespoir de sa mère et attira, de façon tout de même très modérée, l'attention passive de son géniteur. Assez désobéissante pour s'attirer les foudres de ses soeurs et de sa matrone, de charme et de charisme pour enjôler de son sourire cajoleur son père. Savoureux mélange de charme et de sourires mutins, une enfant impulsive et entêtée. Elle n'avait jamais été réellement violente jusqu'à ses huit ans. En effet, pour son anniversaire, son père lui offrit un chaton qu'elle nomma Laundry. Et elle dû faire face à la cruauté de ses soeurs et plus particulièrement à celle de Elizabeth. L'aînée Wind en voulait à sa jeune soeur de savoir dompter leur père si peu impressionnable d'habitude, elle lui en voulait être un centre d'attention bien plus intéressant qu'elle-même et surtout qu'elle ait un chat. Sir Wind avait toujours refusé que ses filles aient un animal de compagnie. Pourtant, il n'avait pu répondre par la négative devant les yeux provocateurs de sa fille cadette. Sans doute à cause de la maladresse de ce père trop rigide et de l'injustice qu'il montrait ouvertement entre ses filles, les soeurs de Heather la détestaient. Les aînées avant donc torturé le pauvre petit animal en lui lançant des cailloux ou en lui tirant la queue. Lorsque Heather les surpris, elle se jeta, folle de rage, sur Elizabeth et lui mordit le bras jusqu'au sang. Elle en a aujourd'hui encore la trace, mais elle dit à qui veut l'entendre que c'est lors d'un duel, qu'elle a bien entendu remporté, qu'elle s'est fait cette cicatrice si profonde. Toutes, hormis Jasrine. Mais cette dernière ne devait sans doute pas connaître les sentiments de méchanceté et de haine, trop naïve pour vouloir regarder plus loin que son petit quotidien cotonneux et protecteur. Elle était incontestablement celle que personne ne regardait. Jasrine était celle que Lady Wind aimait le moins, après Heather, à cause de sa neutralité et de sa candeur un peu trop poussée.

L'enfance de Heather fut plutôt banale. Rythmée au gré des départs consécutifs de ses soeurs pour les écoles du monde entier, chaque année elle avait la joie et le bonheur de voir une de ses soeurs en moins! Et cela ne lui laissait que plus de champs libre pour étendre sa magnificence aux yeux de son paternel. Elle allait dans une école proche du Manoir, mais ses camarades la trouvait étrange. Ils n'avaient pas tort. C'est donc dans ce qu'elle appela plus tard le chaos, que Heather vécus ses cinq premières et uniques années d'enseignements à côté du Manoir. Cet enseignement qu'elle trouva bien trop rigide lui laissa un souvenir amer et c'est sans doute depuis cette époque que les études n'ont jamais été réellement à son goût. Mais tout ceci s'affirma surtout lors de son entrée au lycée. Avant cela, les années furent assez douces et la routine ennuyeuses souvent bousculée par les dernières fantasmagories en date de Heather, les crises geignardes et désespérées de Lady Wind envers sa fille cadette et les haussements de sourcils de Sir Wind devant ces scènes fatigantes. La journée, Heather était à l'école où on lui apprit à lire, à écrire dans un langage correcte et approprié. L'une des seules choses qu'elle retint. Lire. Lire, comme un torrent de lettres et de mots qu'elle aspirait sans difficulté, lire pour ne pas penser que sa mère l'avait encore congédiée dans sa chambre pour « outrage sur la reine mère» comme elle aimait à l'appeler en secret. Menus plaisir que de la rabaisser en silence alors que les mots, à cet âge là, étaient encore trop confus pour lui permettre de briser cette mère qui, plus qu'une présence maternelle, était un fardeau de larmes et de nerfs..

Ô douce jouissance, ses seize ans arrivèrent à point nommé et la délivrèrent de l'enfer qu'était devenu le trio Wind, père-mère-Heather. Lorsqu'elle reçut sa lettre pour l'université de recherche contre le sida, Heather avait ressentit comme un élan, un envol. Bien qu'encore un peu immature pour réellement comprendre, c'était le début de son autonomie, de sa nouvelle liberté. Sa première année fut celle des découvertes, de la jouissance de cette nouvelle vie. Mais, elle fit la connaissance, en premier lieu, de deux garçons Jensen et Nathaniel, avec qui elle retrouva enfin l'espoir d'un avenir joyeux et mouvementé. Une petite clique se forma et tous devinrent inséparables. Heather passa ses années scolaires de façon plus qu'épanouie, entre amis, bière clandestines, premiers émois, devoirs en retard, festins, rire et premiers amours. Tout ce dont une jeune fille normale peut jouir dans un milieu aussi confortable et libre qu'est le lycée et l'université. Il y eu quelques altercations avec Elizabeth, une qui se termina avec un énorme furoncle sur le nez pour cette première et un cocard à l'oeil pour Heather. Elle se vanta longtemps de cette victoire. Sa soeur avait pleuré. Sa soeur l'avait suppliée. Le sadisme entra, à l'âge de dix-sept ans, dans la vie de Heather. Ou plutôt que sadisme, une ironie telle que Dieu en aurait perdu sa barbe de stupéfaction. Le sens de la rhétorique de Heather, affûté par ses nombreuses lectures, n'eût de limite qu'une petite journée , lorsqu'elle eu le malheur d'être aphone. Non pas qu'elle soit antipathique, mais sa façon de tourner tout en dérision, elle comprise, lui value les faveurs de bons nombres de ses camarades de classes et ainsi elle acquit assez vite une notoriété de « fille étrange par qui tout le monde semble inévitablement attiré ». Loin de toutes ces foutaises sociales, Heather en rit plus qu'elle n'en profita réellement, préférant les soirées aux bords du lac aux côtés de quelques bons amis, plutôt que les beuveries des soirées d'après match lors de la Coupe au matchs de football. Bien que ces soirées l'assommait, elle y faisait un tour lorsque la fête battait son pleins pour faire plaisir à quelques connaissances qu'elle souhaitait voir et pour -il ne faut pas se leurrer- profiter des buffets et des boissons. Pour ce qui était du travail scolaire, Heather était une élève brillante dont le seul défaut était de trop travailler. Les facilitées qu'elle avait depuis l'enfance lui permettaient d'obtenir des notes bonnes voir très bonnes, sans qu'elle n'ait besoin de réellement travailler. Elle était très estimée auprès des professeurs, puisque polie et ironique, elle mettait de l'ambiance là où les autres n'étaient que devoirs. D'ailleurs, participer en cours lui permettait de se faire bien voir et lui donnait une excuse pour ne pas prendre toutes ses notes.


- « Je suis désolé… »

Trois mots. Trois mots seulement. Mais dans la bouche de cet homme que Heather qui était véritable père, dans la bouche de cet homme qui l’avait élevé avec tellement d’amour, ces trois mots étaient insupportables. La jeune fille hurla, elle hurla de rage et de colère. Son père essaya de la prendre dans ses bras, mais Heather le repoussa. Non elle ne pouvait pas l’accepter, elle ne pouvait pas pleurer dans les bras de son père, la mort de son amie était tout simplement impossible. Impossible ! La rage s’empara de son cœur et la brisa en deux. La jeune fille se tourna vers le mur et enfonça son poing dedans. Le contreplaqué s’enfonça sous la force de la jeune fille.

Une heure plus tard, Heather regardait son bras bandés. Oui elle avait été idiote de frapper le mur. Mais c’était ça ou elle frappait quelqu’un. La mort de son amie n’avait pas été brutale. Ils s’en doutaient tous. Cela fait des années que son amie n’était plus elle-même. Heather savait pourquoi Leshia devenait un peu plus folle chaque jour, pourquoi elle faisait de telle crise nerveuse, elle avait attrapé le virus du SIDA. Stupide maladie, que Heather haïssait tant désormais !

Montant dans sa chambre, Heather s’enferma. Elle avait besoin d’être seule. Elle avait dix huit ans, et savait ce que signifiait la mort de son amie. Pire, elle savait qu’elle n’avait rien fait pour l’en empêcher. Elle savait qu’elle n’allait pas bien. Son besoin de tout comprendre, que tout soit absolument clair était devenue plus fort. La colère la traversait, le refus obscurcissait son jugement, et elle posa son regard sur son bureau pour se calmer.

Autant dire que la façon dont elle a vu un vampire pour la première fois de sa vie avait eu le succès de lui couper l'envie du feu de camp dans une forêt ou tout autre endroit sombre, reculé et peu rassurant. Ce genre d'activité était banni à jamais de la liste de la jeune fille. Cette histoire aurait très bien pu n'être qu'une plaisanterie ou un homme qu'elle avait cru être un vampire - il y avait des rumeurs de plus en plus pesantes sur ces créatures - mais, quelques temps après, Heather eut la confirmation qu'elle n'était pas folle ; les vampires existaient belle et bien. La première pensée de la jeune femme fut certainement celui de se terrer jusqu'à la fin de ses jours chez elle - enfin, de la maison familiale où elle était. Ainsi, pendant plusieurs jours, elle n'était pas sortie. Le seul contact qu'elle avait avec l'extérieur était les repas que lui rapportait la bonne familiale. Les volets fermés, nichée au coeur de son lit, à se ronger sans cesse les ongles, Heather avait une peur incroyable. La villa familiale - vieille de plusieurs centaines d'années - était nichée vraiment pas très loin de la lisière de la forêt ; Heather avait même songé faire sa valise et s'envoler ailleurs. Mais c'était peine perdue ; ils étaient partout. Ce qui la fit sortir de son hibernation improvisée de deux semaines ? Elle ne savait pas vraiment. La brune en avait certainement assez de rester entre quatre murs, surtout que rester à se terrer n'était pas son genre. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Mais ces deux semaines viennent de prouver le contraire. Trois mois après son hibernation, la jeune fille éprouve une fascination envers ces créatures, envers les vampires, qui dégagent quelque chose de tellement fort qu'elle est facilement influençable et tentée par leur présence.
Et maintenant ;;

Je pense que les droits des créatures devraient être vu au cas par cas. Après tout, je serais plus indulgente envers ceux qui se tiennent comme n'importe qui que ceux qui n'ont qu'une ambition : étouffer leur soif de sang humain. Rien que de penser que mon odeur pourrait attiser les convoitises d'un vampire me fait assez peur. Imaginez qu'une créature se jette sur vous parce que vous êtes délicieuse alors que vous marchez tranquillement. Pour moi, c'est une image assez terrifiante. Les vampires me font peur, j'ai beau dire que je peux les côtoyer, rire avec eux ou même partager des moments avec ces personnes mais en réalité je ne peux pas lorsque j'en voie un je me force à rester calme, une peur immense surgit en moi, je les évite. Non, je ne suis pas comme Buffy la tueuse de vampire, moi je suis plutôt à courir. Mais en même temps si je regarde trop un vampire je me sens comme fasciné par eux, mon regard ne peut s'en détacher, on dirait qu'ils ont un pouvoir de séduction hors-norme, ils sont tellement beaux, tellement doués dans tout ce qu'ils entreprennent, rien que pour ça j'aimerais en devenir un. Mais qu'est-ce que je raconte ? Je ne pourrais jamais renoncer à ma vie humaine.